Le corps comme compagnon de route de l’âme

J’ai rencontré Clément lors de ma formation à l’EMPSI (Ecole de Massage Psycho Somato Intuitif). Clément était quasiment le seul homme de ma promotion. En vrai, ils étaient deux, sur 12 élèves. Et comme ce mois-ci dans ma Newsletter, je me suis interrogée sur les rapports homme-femme dans l’univers des massages bien-être, c’est donc tout naturellement que je me suis tournée vers mon collègue et ami Clément. Clément se définit comme « accompagnant par le massage ». Il aime beaucoup l’aspect physique et profond du massage tout autant que la délicatesse et l’écoute subtile. En fait, je trouve que Clément a beaucoup de féminin dans ses mains et c’est à mon sens une qualité puissante chez un masseur. Je vous laisse découvrir ses réponses !

Quelle définition tu donnerais au mot « corps » ?

Je pourrais définir le corps comme le compagnon de route de l’âme. A l’image du mulet qui nous aide et nous accompagne lors de longs voyages à travers les montagnes. Ces montagnes qui représentent notre existence faîte de hauts et de bas.

Mais ce corps n’est pas là uniquement pour nous transporter, c’est à travers lui que nous pouvons ressentir, éprouver, expérimenter, jouir de etc… Il est le réceptacle de nos expériences. Nous ne pouvons donc pas le séparer de l’esprit.

Quel est ton rapport avec lui ? et celui des autres ?

Comme tout à chacun, mon rapport à mon propre corps est en constante évolution. Par le passé, j’ai pu ressentir quelques complexes. Mais grâce au vécu d’expériences physiques et sportives j’ai pu m’en émanciper. Je suis satisfait d’avoir pu y remédier et surtout de pouvoir me sentir fonctionnel.

C’est surtout le fait de m’être lancé dans le massage qui m’a le plus aidé à être connecté à lui de manière plus intime, ceci grâce à une écoute plus fine. D’une part, La pratique du massage en elle-même implique d’être à l’écoute de soi et donc de son corps, dans ses positions par exemple. D’autre part, le fait de recevoir des massages et autres pratiques psycho-corporelles m’aide à redécouvrir mon corps, à le connaître davantage.

Si je fais ce métier, c’est que je suis réellement fasciner et passionné par le corps humain dans toute sa perfection et sa complexité. J’aime profondément, prendre soin des personnes qui me font confiance en se livrant sur la table de massage. C’est à chaque fois  une histoire de vie qui s’offre et se dévoile, et je me rends compte que le corps est réellement le reflet de l’âme. Immense gratitude.

As-tu vécu ou observé une situation où tu as ressenti une inégalité H/F avec le fait d’être un homme masseur ?

D’un point de vue social, il y a des personnes qui ne veulent pas se faire masser par un homme. Cela peut-être des femmes aussi bien que des hommes. Mais cela est entendu et je respecte à 100% ce choix. Il ne s’agit en aucun cas de forcer qui que ce soit.

Chez certain(e)s je peux ressentir cette réticence qui n’est pas forcément exprimée même en évoquant la question avant le massage. De ce fait, je trouve le massage très intéressant, puisque cela implique d’être vigilant à sa qualité de présence, sa posture et à son toucher. Cela se passe toujours très bien et le massage permet de faire tomber pas mal de barrières.

Dans ce métier, nous sommes confrontés parfois à des demandes plutôt triviales. On pourrait penser que les masseuses y sont plus souvent exposées, or il n’en est rien.  J’en ai autant que mes collègues filles voire plus parfois ! L’inégalité que j’y vois dans ce type de cas est que ces demandes y sont exclusivement de la part du même genre…

Une autre inégalité que je peux constater est qu’en massage duo, les personnes qui souhaitent un massage physique auront tendance à me choisir, moi qui suis un homme. J’ai pourtant reçu des massages très très profonds et physiques de la part de femmes !

Comme je le disais plus haut, j’ai une approche du massage plutôt physique, dans la profondeur. Mais mon toucher ne peut se résumé qu’à cela. J’ai aussi beaucoup de douceur, je pourrai aller jusqu’à dire de la tendresse dans mon toucher. D’ailleurs, je n’ai que des retour positifs lorsque ces deux facettes s’expriment au cours de la séance.

Il est vrai, qu’en tant homme qui pratique le massage sportif, on peut être vite être enfermé  dans cette case de masseur physique, qui ne sait que masser de cette façon.

Pendant la formation, tu étais quasiment le seul homme, comment l’as-tu vécu ?

Globalement je l’ai bien vécu, je ne me suis pas senti à part ou à l’écart d’une quelconque manière. J’ai même apprécié pouvoir apporter cette touche masculine. C’était même très formateur pour nous tous(tes). Cela nous a permis d’aborder  et d’expérimenter cette question du masculin et féminin dans le massage, et de nourrir des discussions à ce propos. C’est essentiel avant de se jeter dans le grand bain tout(e) seul(e).

Par contre, cela a pu faire émerger des craintes et des doutes par rapport à mon installation. Le massage est en majeure partie représenté par des femmes.  Je me suis  donc demandé si justement le fait d’être un homme pouvait constituer un désavantage et un frein. Mais en fait pas du tout et c’est même un avantage par moment. Il y a de la place pour tout le monde, et je vois et connaît énormément d’hommes pratiquer ce métier.

Quel lien ferais-tu entre le massage et le sport ?

Selon moi l’un ne va pas sans l’autre. Lorsqu’on pratique un sport de manière régulière et intense, on expose son corps à de nombreuses contraintes et limites. Le repos et la récupération font partie intégrante du sport, on ne peut pas les dissocier. Il y a de nombreuses manière de récupérer et le massage en est une. Le massage (si tant est qu’il soit bien adapté) apporte de nombreux bénéfices.  Le principal, d’après moi, est l’écoute, la connaissance de son corps. Le fait d’en prendre soin va  créer une osmose favorable à la performance et la prévention des blessures.

As-tu une pratique/ un rituel corporel ?

Je pratiques différentes activités physiques comme la musculation, natation, vélo et basket-ball. Lors d’une journée de massage j’aime arriver bien en avance au salon, cela me permet de méditer ou de me faire une séance d’assouplissement selon mes envies.

C’est même devenu quasi indispensable, grâce à cela je me trouve beaucoup plus disponible et présent pour accompagner. Je m’intéresse de plus en plus à diverses techniques de respiration et à l’exposition au froid, ce sont des sujets que je compte développer et expérimenter davantage.

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